Mercenaires : Chapitre II.

Mamy, raconte L’Amour ! L’Amour était le titre que Marie avait donné au passage relatant sa rencontre avec Papy. C’était l’un des préférés de Célia.

Ce soir là, il faisait assez doux, j’avais un message important à faire parvenir. Je parcourais les sous bois, en dehors des chemins évidemment. Mais je n’avais pas peur, je connaissais la route par cœur et les points de sentinelles allemandes. Soudain (Célia a beau connaître ce passage, un frisson parcours tout son échine dès que Marie prononce ce mot), je me trouve nez à nez avec un homme. Je ne vois qu’une seule chose, c’est qu’il est beau. Je suis comme hypnotisée par lui et c’est réciproque. On est comme aimanté l’un part l’autre et je découvre alors, en même temps, le désir, l’orgasme, l’amour. Et pourtant, je sais qu’il est allemand. Et pourtant, il se doute bien que je suis une résistante…

Le téléphone sonne, interrompant le récit de Marie.

C’est ta maman, Célia. Elle arrive dans dix minutes, lance Elvira.

Vite, Mamy, vite, la suite.

La suite. Marie regarde tendrement sa petite fille. Comment raconter soixante ans de vie en dix minutes ? Rien que pour conter la fin de cette nuit d’amour, elle pourrait parler pendant plusieurs heures. Comment raconter les regards furtifs qu’ils se lançaient tout en se rhabillant, à la fois craintifs et déjà si amoureux ? Comment raconter leur incapacité viscérale à se séparer ?  Comment raconter le coup de foudre ? Finalement, il avait fallu un seul regard pour tracer le cours de toute sa vie.

Chapitre 2/7